Pour nier l’existence de Dieu, il faudrait connaître la cause de toutes les causes sans avoir à imaginer une force surnaturelle. Cela paraît chose impossible. Sans preuve d’un monde avec ou sans Dieu, certains se tournent vers l’agnosticisme. C’est l’abandon de la réflexion puisque l’on est certain de ne pas pouvoir savoir. Ce qui peut nous conduire à l’hédonisme en décidant de jouir au mieux de l’existence, tout en espérant exister dans ce corps le plus longtemps possible. C’est semble-t-il, la position de notre monde actuel qui s’est orienté vers une consommation à outrance de biens matériels, agrémenté parfois de libertinage, et vers une recherche incessante du bonheur dans l’objet consommé.
Ces civilisations occidentales paraissent être à la croisée des chemins. Après avoir remis en cause la moralité enseignée par ses religions, elles ont quelques difficultés à s’établir dans de nouvelles valeurs. Comment définir dans une société épicurienne, les règles qui régissent la vie, la mort, la sexualité, la procréation, le bien et le mal ? En revanche, les sociétés d’identité islamique, libérées du colonialisme, s’inquiètent du laxisme moral de l’occident. Elles font un retour en force avec une religion de plus en plus stricte qui peut aller pour certains jusqu’à l’extrémisme en imposant sur leur territoire la charia, la loi divine et des valeurs qui paraissent surgir d’un autre temps ! Si l’homme est, dans la plupart des sociétés et des religions, l’être respectable et respecté, la femme garde souvent un rôle secondaire. Elle est à son service et demeure généralement considérée comme le réceptacle de sa progéniture qui devra naturellement être un mâle pour satisfaire le géniteur. Les femmes occidentales réclament plus d’égalité entre les deux sexes, tandis que les sociétés islamistes leur retirent la plupart des droits qu’elles avaient récemment acquis. Certains musulmans iront même jusqu’à voiler leurs femmes tandis que les extrémistes leur interdisent toute forme d’éducation et maintiennent le droit de les lapider quand ils décident qu’elles ont dérogé aux règles sacrées de la charia. Quelle honte !
Chaque civilisation est passée par ces aberrations et y passera encore si l’humain n’a pas davantage le courage de se remettre en question ! Ces conflits de civilisations ne sont pas prêts de s’atténuer. Les racines sont trop profondes. Elles touchent aux convictions de l’homme enfermé dans ses croyances.
Pendant de nombreux siècles, l’église catholique conduisait l’inquisition pour combattre l’hérésie. Les hommes qui ne respectaient pas le dogme étaient condamnés à l’emprisonnement, à la torture ou à mort. Combien de temps aura-t-il fallu à l’église pour accepter que la Terre fusse ronde et qu’elle n’est pas le centre de l’univers ? Ne parlons pas du diable et de l’enfer que les théologiens ont dû imaginer pour faire le pendant à Dieu. Comment l’humain conçu pourtant à l’image de Dieu pouvait-il devenir si mauvais ? Il était influencé par Satan. Cet argument intimidant et indiscutable le rendait totalement soumis ?
Pendant longtemps, nos penseurs ont du garder le silence ; nous pouvons imaginer combien cela a pu entraver notre réflexion et limiter nos pensées métaphysiques. Le concept de Dieu est tellement enraciné dans la réflexion occidentale que beaucoup sont encore persuadés qu’il n’y a que la foi et que la Vérité est inaccessible. Combien les religions ont été puissantes pour qu’une telle idée ait pu se propager jusqu’à nos jours. La Vérité c’est Dieu, Dieu est la Vérité. Si l’Homme peut aujourd’hui établir des théories comme la réincarnation, la métempsycose, la vie après la mort, le paradis, l’enfer, le purgatoire, la théorie de l’évolution, la théorie de l’énergie, du yin et du yang, et que sais-je encore, il demeure cependant réduit à n’être toujours qu’un croyant.
Les croyances se fondent et se transmettent sur la base des écritures consignées par les anciens. Elles sont devenues des textes sacrés qui ont leurs propres chemins, leurs canons et modes de pensée. Avant de vous approprier ces textes et d’y adhérer, cherchez à les comprendre à la lumière de votre réflexion. Vous serez ainsi capable avec vos arguments, d’accepter la façon de voir de ceux qui les ont transmis. Mais si vous vous référez aux écritures, en acceptant aveuglément leur autorité, vous adoptez une mentalité d’esclave qui ne peut vous aider.
Regardons, par exemple, les dix commandements de Moïse, cela nous éclaire sur leurs conditions.
1. Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t’ait fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. 2. Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. 3. Tu ne te prosterneras pas devant d'autres dieux que moi, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. 4. Tu n'invoqueras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui invoque son nom en vain. 5. Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. 6. Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. 7. Tu ne tueras point 8. Tu ne commettras point d'adultère. 9. Tu ne déroberas point. 10. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
A part quelques règles pour que ces hommes puissent essayer de vivre plus en harmonie, sans s’agresser, en acceptant ce Dieu et ses prescriptions, nous n’avons pas grand-chose qui puisse nous éveiller. Les riches restent riches, les pauvres demeurent pauvres, les servants subsistent servants. Dieu attendait-il que certains fassent fortune et que d’autres deviennent des esclaves ? Pourquoi aurait-il figé sa communauté à cet instant précis de l’Histoire ?
Le christianisme, loin d’avoir fait évoluer son enseignement, continue à prôner que Jésus de Nazareth a été martyrisé puis est mort sur la croix pour nous laver des péchés du monde. Jésus est à son tour l’offrande suprême faite à Dieu. C’est encore cette idée de sacrifice, comme à l’époque des sociétés primitives. Quel sentiment d’effroi de voir dans nos villes, ces Jésus en croix. Imaginez ceux qui ne connaissent pas cette religion, comment peuvent-ils percevoir ces sculptures représentant un homme torturé ? Comme elle est étrange cette civilisation !
L’Islam ne donne pas à Allah une forme ou une image. YHWH ou Jehova, le nom que Moïse a donné à Dieu en descendant du mont Sinaï est encore plus surprenant : ce mot est sacré. Dans le judaïsme, il ne doit ni être prononcé ni écrit. Il se murmure sans que le son sorte de la bouche de celui qui le prononce. Ces religions comme toutes les autres ont certainement contribué utilement au développement des civilisations. Elles ont eu un rôle sociopolitique indéniable ; elles ont rassuré. Des sociétés se sont organisées. Des règles empruntées généralement au bon sens, ont été appliquées. Les hommes ont pu tant bien que mal vivre en harmonie, se structurer, se civiliser, évoluer. La terre entière s’est recouverte de monuments, de lieux à la gloire du divin. Grâce à ces églises, ces synagogues, ces temples, ces mosquées et autres lieux de prières, les hommes ont eu la possibilité de trouver refuge dans un espace où ils pouvaient se soustraire de leur quotidien et oublier leur existence matérielle pour retrouver un peu de paix intérieure.
L’Être divin, quelle que soit la religion et le nom que l’on lui donne, reste aussi pour beaucoup de ses croyants, un marchand de bien ! Comme un être primitif, on le prie dans l’espoir d’avoir quelques avantages, on l’implore pour ne pas tomber malade, pour avoir assez d’argent, pour être aimé, pour continuer à vivre longtemps… On ne fait avec lui que du « business ».