Aucun objet ne peut exister sans être enregistré dans la Connaissance. Les objets des sens (sons, formes, odeurs, goût, toucher), les activités corporelles, les activités sensorielles (pensées, sentiments), et les activité du mental (penser, ressentir), toutes entre dans la catégorie des objets, c’est à dire du connu. Il est évident que sans cette Connaissance, il est impossible de se souvenir des activités passées du corps, du mental et des sens. C’est à travers la connaissance qu’ils sont connectés entre eux et cette connexion est absolument nécessaire à notre vie journalière.
Il est indéniable que cette Connaissance n’est pas éphémère comme le sont les sensations corporelles et les activités mentales. Les pensées, les sentiments et les perceptions sont immédiatement enregistrés dans la Connaissance. Si cette Connaissance n’était pas permanente, il ne serait jamais possible de se les remémorer ultérieurement. Pour quoi que soi puisse apparaître, il faut que cette connaissance en atteste la présence. Pour cette raison, elle se tient comme Témoin de toute chose tant que l’on vit et à la fin même de vivre. On ne peut pas faire autrement que d’assumer ce rôle de témoin. La plupart des personnes l’ignore, d’où leur état captif et leur détresse. Adopter consciemment le point de vu du témoin, cela seulement suffit à assurer la Libération.
Nous disons : je connais ceci, je connais cela ». Dans de tels énoncés, la Connaissance est traitée comme si elle était le nom d’une action et le « Je » comme l’acteur.
(Ici le terme connaissance n’a pas pris dans le même sens que ce qui a été discuté dans le paragraphe précédent).
L’action a besoin d’un instrument : voir a pour instrument les yeux, entendre, a les oreilles, les pensées et les sentiments ont le mental. Seule la Connaissance ne dispose pas d’un pareil instrument. Prétendre qu’il y a de l’action même au-delà du mental est absurde.
Dans le sommeil profond où dans l’état de Samâdhi, là où il n’y a pas le mental, il n’y a pas d’action, mais il y a la Connaissance. La Connaissance qui connaît les pensées et les sentiments doit, sans aucun doute, être au-delà du mental. Par conséquent elle ne peut pas être un agent, pas plus qu’elle ne saurait être une action et cela pour les mêmes raisons.
Connaître ne peut pas être l’action exercée par un connaisseur car il n’y a aucun connaisseur autre que la Connaissance. Il n’y a que cette Connaissance au-delà du mental. Tout ce qui n’est pas « Je » est son objet, tout ce qui n’est pas la Conscience est son objet. Entre le « Je » et la Conscience, aucun des deux ne peut être l’objet de l’autre, à aucun moment ils ne peuvent être séparés. Donc, le « Je » et la Conscience (la Connaissance) sont Un et identique.
Dans sa vraie nature, le « Je » ne possède pas de corps, de mental et de sens.
Confondre le principe « Je » avec l’acteur ou le bénéficiaire de l’action, est la racine de l’attachement et du malheur. Même quand il est ainsi confondu, le principe « Je » se tiens comme le Témoin. Demeurer là, consciemment, est tout ce qui est nécessaire.
C’est ce que dit Ashtavakra dans le verset suivant :
« Connaisseur unique, témoin de toutes choses,
tu es en fait entièrement libre.
En vérité si tu vis en captif, c’est seulement
que tu ne reconnais pas le Témoin comme le témoin. »