L’homme ordinaire ne se soucie pas de connaitre la signification exacte du mot « Je ».
Ce n’est pas d’ailleurs nécessaire pour ses besoins quotidiens. Ce n’est qu’à partir du moment où l’on commence à perdre l’intérêt pour la vie mondaine et que l’on développe un désir sincère de connaître la Vérité que l’on dirige son attention vers le domaine spirituel.
Ceux qui ont l’esprit uniquement préoccupé par les choses de ce monde et qui ne veulent pas connaître quoi que ce soit d’autre ne peuvent jamais bénéficier de l’écoute de la Vérité.
Il y en a certains qui ont des Samskaras spirituels endormis en eux et qui ne se sont pas autorisés à se manifester en raison de tendances opposés qui l’emportent provisoirement. Si de telles personnes entendent la Vérité, leurs Samskaras spirituels latents se réveillent et un désir sincère pour la Vérité survient. Ceci les conduit au but désiré.
Le but est la libération de la servitude, il est obtenu en s’établissant dans la vraie nature du principe « Je ». Le mot « Je » est souvent utilisé de façon indiscriminée en référence à beaucoup de choses.
Je m’identifie avec le corps quand je dis : « je suis gros, je suis maigre, je marche, je m’assois … »
et avec le mental quand je dis : « Je pense, je sens, je désire … »
J’ai connaissance des activités du corps, des sens et du mental.
Je sais aussi qu’ils dépendent de Moi et qu’ils sont ordonnés à travers moi.
Ce fait est l’expérience de tous.
Il est donc évident que ces activités viennent sous la catégorie du connu.
Le principe « Je » est leur connaisseur et est par conséquent séparé et distinct du corps, du mental et des sens. Il demeure simplement comme leur témoin quand ils sont en fonction.
En dernière analyse, il sera vu que même ce témoin est une superposition.
Néanmoins, il aide à nous élever au-dessus de l’ego (celui qui fait et qui se réjouit)
et à nous établir dans le pur principe « Je ».
Il peut aussi être prouvé, d’une différente façon, que le principe « Je » est distinct et séparé du corps, du mental et des sens : les états de veille, de rêve et de sommeil profond sont communs à tous les êtres vivants.
Dans l’état de rêve, le « Je » s’identifie non pas avec le corps existant dans l’état de veille, mais avec un corps totalement différent. Il est évident que le corps de l’état de veille et le corps de l’état de rêve sont très différents :
le corps du rêve n’existe pas dans l’état de veille, ni le corps de l’état de veille existe dans le rêve. Aucun de ces corps, ni le mental fonctionnant dans les états de veille et de rêve, continuent dans l’état de sommeil profond.
Je sais que je suis présent dans tous ces états sans changement.
Le « Je » ne peux jamais être le corps ou le mental, qui apparaissent dans un état
et disparaissent dans un autre. Certainement il transcende tous cela. Puisqu’il connait l’apparition et la disparition de ces trois états, il est de la nature de la Conscience.
Cette Conscience ne disparaît jamais. Quand il y a des objets, « Je » connais les objets,
quand il n’y a pas d’objet, « Je » se tient sans objets dans sa propre nature comme la pure Conscience.
La douleur que Je ressens dans le rêve est confinée dans l’état de rêve et ne m’affecte pas dans l’état de veille et La douleur que Je ressens dans l’état de veille est de la même manière confinée dans cet état et ne m’affecte pas dans l’état de rêve. Par conséquent, il est clair que l’expérience que j’ai dans un état particulier, n’affecte pas mon Être. Pour cette raison, il est prouvé que le principe « Je » qui est de la nature de la Conscience, est aussi sans attaches.
J’aime et je désir les objets car ils me donnent du plaisir. Par conséquent, il est clair que les objets ne sont pas désirés pour leur propre bien.
Le principe « Je » est aimé plus que les objets ; (c’est donc lui qui est le but ultime de tout désire.) Mais puisqu’il se tient transcendant même le mental, il ne descend pas dans le monde des objets. Donc, ce ne peut pas être un objet qui me donne du bonheur, c’est le pur Bonheur lui-même. Nous avons vu ainsi la vraie nature du principe « Je », est la pure Conscience et le Bonheur.
Cela seul est SAT, (Existence) laquelle ne peut même pas être imaginée comme non-existante. On peut penser à n’importe quoi d’être inexistant, mais personne ne peut penser que le « Je » est inexistant. Ainsi le principe « Je » est Sat lui-même.
C’est ce principe « Je » dans sa vraie nature de « Sat-Cit-Ananda », que l’homme ordinaire confond avec le corps, les sens et la faculté mentale, et ainsi devient lié et souffre.
Le devoir de l’homme est d’atteindre la libération en s’affranchissant de cet asservissement, il y parvient en prenant conscience de sa vraie nature et en s’y établissant à demeure.