La première expression de la réalité dans la vie est que quelque chose « est ». C’est l’aspect Sat. Au-delà de cette vague existence, il n’y a rien de plus.
Ensuite nous voulons connaître ce que c’est en cherchant plus d’informations à son sujet. Nous le réalisons sans l’aide d’aucune autre lumière que notre propre Soi. C’est l’expression Chit.
Aussitôt que la Connaissance est complète, une satisfaction spontanée exsude de cette Connaissance, c’est l’expression Ananda. Ananda est la paix sublime qui provient de Chit, la Conscience, qui elle-même s’épanouit de Sat, l’Existence.
Ainsi, Sat-Chit-Ananda ne forment qu’un et désigne la même réalité, qui est vue par trois différentes perspectives de l’existence, de la pensée et du sentiment.
Bien que Sat-Chit-Ananda ne soit en aucun cas attaché aux objets concernés, cela s’exprime dans toutes les expériences ou toutes les activités de la vie. Sat-Chit-Ananda brille seul dans le sommeil profond comme ma réelle nature. Les objets apparaissent manifestés dans l’existence et dans la lumière empruntée à mon propre Soi. Ils ne sont rien d’autre que moi-même. Je suis Âtmâ, le Soi, la Conscience lumineuse par elle-même. Je me manifeste d’abord par ma propre luminosité comme Conscience sans objet, tout comme le soleil brille par lui-même. C’est cette Conscience sans objet qui s’exprime elle-même comme une idée ou un objet des sens. Alors on dit : je le perçois. Quand cette-dite perception prend place, l’objet apparent perd ses limites et son contenu, la Conscience se tient comme le Soi sans objet. Par conséquent, on ne perçoit rien d’autre que le Soi.
La Connaissance de l’existence de la réalité, sous la forme d’un objet attire l’homme commun. Il commence par le désirer et fait tout son possible pour le posséder. Au moment où il sait qu’il a obtenu l’objet qu’il voulait, son mental arrive à un calme plat. A ce moment précis, la paix, sa véritable nature brille. Immédiatement après, le mental apparaît encore : la mémoire du désir et l’effort qui a précédé la possession de l’objet, colorent le mental par contraste. La Paix absolue est alors appelée bonheur pour un instant. Quel que soit le plaisir perçu, tout ce que l’on expérimente après le résultat d’un effort animé par le désir, n’est pas réellement la Paix de sa véritable nature, elle reste encore limitée et colorée par l’action. Si cet état de bonheur pouvait continuer indéfiniment, le bonheur serait alors transformé en Paix profonde comme pendant le sommeil profond. Alors que nous pensions le bonheur octroyé par les objets de désir, il naît de notre véritable nature, la Paix.
Si je dis : « je suis un homme », je veux dire, je suis Sat- Chit-Ananda. La précaution essentielle que l’on doit prendre pour comprendre un mot correctement est de comprendre juste ce qu’il veut dire, rien de plus ou rien de moins. Généralement, ce n’est pas vraiment ce que nous faisons, nous pensons comprendre beaucoup plus que ce qui est indiqué par un mot. Dans l’exemple « je suis un homme », nous avons à examiner le mot « homme ». Homme n’est pas qualifié, il est sans genre et nombre. Il n’y a pas de diversité dans l’homme. Le mot « homme » représente toute l’espèce humaine. Tout ce qui est humain dans tous les hommes et toutes les femmes. Il est sans changement. Dans ce sens, l’homme n’est pas limité par le temps ou l’espace. La seule réalité au-delà du temps et de l’espace est Sat-Chit-Ananda. Par conséquent « homme » dans son sens réel est Sat-Chit-Ananda. Comme le sont tous les autres mots : animal, oiseau, table, crayon, terre… Chaque mot dans son sens le plus strict est Sat-Chit-Ananda, le Soi réel.
Le simple mot « homme » est compris par tout le monde, mais personne ne saisit vraiment sa véritable signification. Il n’est pas compris par les sens ou le mental, mais seulement par la Connaissance. Pourtant la Connaissance ne peut rien connaître d’autre que la Connaissance. Donc ce qui est compris par le mot homme est simplement la Connaissance elle-même.