Le monde placé dans l’espace est un aspect de la réalité. Le monde et sa diversité sont supposés apparaître dans le temps et l’espace considérés alors comme la réalité : le monde étant la partie apparente et l’espace-temps son support. C’est ce qui nous donne cette idée de grandeur infinie dans ce cadre spatiotemporel. Dans l’hindouisme, c’est le sens de ce concept fallacieux dénoncé par « Brahman », la conscience absolue présente en toute chose.
Avec l’idée du corps est né le concept de l’intériorité et de l’extériorité mais aussi l’idée de l’espace. C’est en transcendant l’idée même du corps que l’idée de l’espace disparaît aussi, suivie du concept de grandeur ou de petitesse. En d’autres termes, tous les opposés sont transcendés. Quand ce sens de grandeur est éliminé, Brahman est alors révélé comme la Vérité ultime, le Soi.
Ayam Âtmâ Brahma. Cet Âtmâ est Brahman.
C’est la réalisation du soi et de l’univers entier représenté par Brahman.
Quand on examine le monde objectivement, le vide en est le support, le fond de tout ce qui apparaît. Il est là avant et après chaque apparition. C’est pourquoi les yogis voient le vide quand le monde disparaît. En examinant le monde subjectivement, le Soi, la Conscience est le fond, le support. Ce qui était perçu comme vide dans le monde objectif est la Conscience.
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La libération
L’esclavage c’est l’identification avec le corps, les sens ou le mental.
La libération c’est l’abandon de cette identification en visualisant ce que l’on est dans cet ordre :
quel que soit le connu, le connu est le Connaisseur, le témoin.
Quel que soit le connu, le connu est la Connaissance.
Le connu est pure Conscience, le Soi.
- Au départ, une perception est distincte et séparée de soi. Le processus d’identification consiste à rapprocher la perception de plus en plus du Soi jusqu’à leur fusion. La perception doit être examinée de pair avec le témoin, le connaisseur avec la perception ; puis il n’y a plus que la perception, la Connaissance. Ensuite la perception disparaît aussi étant absorbée dans la Conscience, la Connaissance, laissant enfin la Conscience seule, le Soi.
La pensée est possible seulement en termes de langage. Le langage n’est possible qu’en termes de sons continus. Le son ne peut exister qu’à un seul point temporel. Ainsi le langage en tant que tel est inexistant. De ce fait, la pensée l’est aussi. La vie, la pensée, l’émotion ne sont que les expressions de la Vérité ultime à travers leurs perspectives respectives, celles de l’Existence, de la Connaissance et de la Paix.
Les apparences sont faites d’actions, de perceptions, de pensées. Toutes ces apparences sont indépendantes les unes des autres sur un fond immuable qui est le Soi, la Conscience, l’Âtmâ. Âtmâ soutient ainsi la continuité des apparences de la vie phénoménale. Toutes les apparences ne sont que des illusions.
Les simples déclarations comme : je connais un objet, je pense une idée, je sens du plaisir, ne sont que des expressions redondantes et fausses dans le sens strict des termes.
Un objet n’est rien d’autre qu’une perception,
l’idée n’est rien d’autre qu’une pensée,
et le plaisir n’est rien d’autre qu’un sentiment.
La nature de chaque petit objet est aussi la nature du monde entier. Prenons par exemple, un livre comme un objet représentant le monde dans sa totalité.
Le livre est constitué de chapitres qui sont constitués de paragraphes, les paragraphes de phrases. La Vérité de la phrase est applicable au livre comme au monde. Une phrase est constituée de plusieurs mots, chaque mot est indépendant et déconnecté en tant que tel mais il est aussi relié par quelque-chose au-delà de l’esprit.
Le monde se compose également de plusieurs sons, chacun étant distinct et sans signification. Mais comme les mots de la phrase, ces différents sons peuvent être liés. La substance du son, comme celle du monde, repose sur le principe de connexion et d’éclairage qui est l’Âtmâ ou Conscience pure.
En fait, à chaque fois que nous faisons ou que nous comprenons quelque-chose, nous sommes dans notre véritable nature. De même quand nous ne faisons rien ou que nous ne comprenons rien, nous sommes toujours dans notre véritable nature, Âtmâ, la Conscience.